Quand la parole est susceptible d’être perçue, à tort ou à raison, comme une offense raciste ou une micro-agression, plusieurs préfèrent se taire.
Murielle Chatelier, fille d’immigrants haïtiens et cofondatrice de l’Association des Québécois unis contre le racialisme (AQUR), a choisi de ne pas se taire. Pire, elle a une parole dissidente. Elle refuse d’être réduite à sa couleur de peau et se demande pourquoi nous avons collectivement remis la race au centre du débat. « Vous êtes noir, vous vivez nécessairement du racisme. Vous êtes blanc, vous avez des privilèges. » Éliminer la race pour penser, voire panser, le corps social, devrait plutôt être notre objectif commun. Loin de nier l’existence du racisme au Québec, Murielle est néanmoins convaincue qu’ « aujourd’hui, la race ne peut pas t’empêcher d’accomplir ce que tu as à accomplir. »
Ses propos, qu’elle juge pourtant banals, font d’elle une cible de choix sur les réseaux sociaux.« Je ne sais pas combien de fois on m’a traité de nègresse de maison! » Je suis perçue comme une « traître ». Cela n’est sans doute pas étranger non plus à sa critique soutenue des formations Équité, Diversité et Inclusion (EDI), de plus en plus imposées dans les milieux de travail.